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Le développement, tout un business...
Sulo Shah est le type de femme dont la rencontre recharge
vos batteries. L’énergie sereine que dégage
cette élégante népalaise d’une
cinquantaine d’année est radicalement communicative.
Et quand on est natif, comme elle, d’un pays ravagé
par l’illettrisme et la pauvreté, cette énergie
ne demande qu’à être utilisée…
Sa vie en est l’exemple probant. Lorsque Mme Shah, issue
d’une famille aisée de Katmandou, revient au
milieu des années 80 d’Allemagne avec son Mastère
en Mathématiques en poche, elle a la ferme intention
de faire évoluer le Népal en participant activement
à l’élaboration des programmes des écoles
du pays. Mais sa première confrontation avec les lourdeurs
bureaucratiques et la « politique » de bureau
lui laisse un souvenir amer…
Après trois ans d’efforts et une ultime proposition
rejetée pour des raisons absurdes, elle démissionne.
Un de ces collègue de l’époque lui expose
alors assez clairement ses choix. « Soit tu prends la
tête du changement que tu souhaites, soit tu suis un
leader inspirant, soit tu ne fais rien… » N’ayant
nullement l’intention de ne rien faire et se sentant
encore un peu jeune pour incarner un quelconque leadership,
Sulo Shah va suivre encore un temps le mouvement et rejoindre
les rangs d’un ONG. Deuxième déception.
Plus de 800 ONG sont présente sur le territoire népalais
et l’aide internationale représente 60 % du budget
de l’Etat, donc s’engager dans une ONG et trouver
un programme de financement n’est pas si difficile qu’on
pourrait l’imaginer. Elle prend la tête au sein
de son association d’un des programmes de formation
dans des villages reculés. Avec une attitude résolument
tournée vers la responsabilisation des populations,
elle obtient même d’excellents résultats.
Mais une fois de plus, les chamailleries internes, l’attitude
condescendante des membres et l’impression générale
de travailler dans ce que Sulo Shah décrit comme «
une ferme à dollar » la feront quitter cette
ONG qui n’a pas su faire fructifier ses résultats…
C’est résolu, on ne la lui fera plus, dorénavant
elle ne veut plus de patrons, et créée une entreprise.
« Je ne suis pas Mère Thérésa !
», nous dit elle, « mais j’ai ressenti le
besoin d’enfin réaliser des choses concrètes
».
Formations Carpets, puisque c’est le nom que prend cette
fabrique de tapis artisanaux commence doucement en 1992. Avec
6 personnes au tout début, Sulo Shah déploie
toute son énergie pour aller vendre ses produits aux
Etats-Unis et en Allemagne. Les résultats suivent rapidement
avec 30 salariés au bout d’un an et 60 après
deux ans. Bien évidemment, la fibre sociale de cette
PDG n’a pas disparue et dès la fondation, sa
société se démarque en interdisant le
travail des enfants (pratique largement répandue dans
ce secteur), en lançant un grand programme de couverture
santé, en offrant un jour de repos par semaine à
ses travailleuses, en offrant des salaires décents
et en mélangeant les castes sans aucune forme de discrimination.
Ses bonnes pratiques favorisent un climat excellent dans l’entreprise.
Lorsqu’en 1994 les premières difficultés
dues à un marché déclinant obligent Sulo
Shah à effectuer des licenciements, 35 personnes se
portent volontaires pour éviter aux plus précaires
des salariées d’être touchées !!
Deux mois plus tard, tout le monde sera réembauché.
Aujourd’hui, la société emploie plus de
160 salariés et est reconnue mondialement comme un
exemple d’émancipation durable des femmes qui
constituent 95 % de ses effectifs. Mais l’entreprise
est aussi exemplaire pour les enfants de ses salariés.
Une école a tout simplement été créée
attenante à l’usine pour leur éducation.
Leur sort est bien différent de celui de leurs mères
qui ont, pour certaines, appris leur métier en travaillant
dans des entreprises similaires dès 8 ans avec des
horaires de plus de 14 heures par jour.
L’expérience de Sulo Shah et de son entreprise
à taille humaine nous ont clairement montré
le potentiel de changement qu’un entrepreneur sensibilisé
peut avoir sur la société. L’entreprise
est un cadre possible, qui, c’est le moins qu’on
puisse dire, amieux convenu au tempérament de Mme Shah
que les secteurs administratifs ou associatifs. D’ailleurs,
les 25 % de profit que dégagent, les bonnes années,
Formation Carpets lui permettent aujourd’hui d’étendre
son modèle en créant une holding qui investit
dans des entreprises similaires, de tapis, de textile ou de
papier et les transforme selon le modèle Formation
Carpets. Vous voulez changer le monde ? Préparez votre
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