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L'écolo
hôtelier
En 1991, les préoccupations environnementales commencent
à émerger dans toute la Suède, Jan Peter
Bergkvist est alors directeur d’un hôtel de la
chaîne Reaso. Au cours d’une de ses réunions
de travail, un collaborateur lui demande si l’hôtel
a une politique environnementale. La réponse est évidemment
non, à l’époque, personne n’y avait
encore pensé. Au même moment, venait de naître
la deuxième fille de Jan Peter, et semble-t-il, de
ce jour date sa prise de conscience qu’à son
échelle il pouvait faire quelque chose. La question
du collaborateur ne sera pas laissée en suspens. Il
décide d’engager un grand « remue-méninges
» dans son hôtel et les premières initiatives
apparaissent. Son hôtel est rapidement montré
en exemple et il devient le coordinateur de la politique environnementale
de tous les hôtels Reaso. Lorsque la chaîne hôtelière
est rachetée en 1996 par Scandic Hotels, c’est
tout naturellement qu’il y accepte un poste au sein
de la direction environnement.
Scandic Hotel est la plus importante chaîne hôtelière
en Scandinavie, elle compte aujourd’hui plus de 141
hôtels dans plus de 9 pays et possède plus de
23 000 chambres. Ce mastodonte régional de l’hôtellerie
a lui-même essayé de faire évoluer ses
pratiques depuis 1995. Sa méthode est intéressante.
La première étape du changement fut de former
l’ensemble des 5 000 collaborateurs que comptait Scandic
à l’époque. Des journées de formation,
pour le directeur comme pour la femme de chambre, où
étaient exposés les grands enjeux environnementaux
du siècle prochain. Une fois sensibilisés, et
responsabilisés, ce furent plus de 2.000 initiatives
qui émergèrent spontanément au cours
de l’année suivante.
Diminuer la consommation de produits d’entretien chimiques.
Remplacer tous les petits savons, petits shampoings qui finissent
à la corbeille après une ou deux utilisations,
par des cartouches murales. Généraliser les
sols en parquet à la place de la moquette. (*) Concevoir
des rideaux qui ne couvrent pas les radiateurs afin de ne
pas gaspiller la chaleur. Cette foule de détails, jusqu’à
la carte magnétique qui ouvre la chambre qui est en
bois et non en plastique, permet aujourd’hui à
Scandic d’affirmer que ses nouvelles chambres sont recyclables
à 97%.
Lancé en 1996, ce sont plus de 9.500 chambres «
écorooms » qui ont été construites
ou rénovées. A raison de 1500 à 2000
nouvelles chambres par an, l’objectif est de convertir
plus de la moitié du total. Les consommations totales
d’énergie ont diminué de 24% en 3 ans,
celles d’eau de 12% et celles de déchets (tous
triés) de 45%.
Bien entendu, ces mesures de réduction d’impact
sur l’environnement ont permis à Scandic de faire
d’importantes économies. Pour un investissement
initial de 200 000 €, la société a pu économiser
au cours des 5 années suivantes près de 2 Millions
d’€ et l’image des hôtels s’est
considérablement améliorée puisque 8
Suédois sur 10 citent aujourd’hui spontanément
la marque.
Les voies d’amélioration sont encore nombreuses,
selon Jan Peter Bergkvist. Dans la construction des bâtiments
par exemple, ou dans la normalisation des pratiques. Scandic
souhaiterait pouvoir offrir dans l’ensemble de ses hôtels
un petit déjeuner « bio » mais la filière
n’est aujourd’hui pas assez structurée
pour pouvoir fournir un client qui sert près de 14
millions de café par an… Aujourd’hui déjà
10% du café servi est « bio » faute de
trouver assez de fournisseurs.
Il y a deux ans, le groupe a été racheté
par Hilton International, et dorénavant l’enjeu
pour Jan Peter Bergkvist prend une autre ampleur. Reconnaissant
le caractère pionnier de Scandic, David Mitchells,
le PDG de Hilton lui a demandé de prendre la direction
Environnement et Sécurité au niveau mondial…
Le chantier est gigantesque ! Souhaitons lui bon courage et
bonne chance.
(*) Le bois vient des forêts du Nord du pays alors
que le Nylon est un dérivé du pétrole.
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