Paul
Hawken - Sausalito (Etats-Unis) - 26 Janvier 2004
Capitaliste par Nature.
Paul
Hawken est sans nul doute un avant-gardiste. Pas de ceux que l’on rencontre
partout ailleurs dans la Silicon Valley, bardés de gadgets high-tech.
Mais plutôt le genre d'avant-garde que les enfants de nos petits enfants
apprécieront à sa juste valeur. Il s’est tout simplement
donné l’objectif de faire naître une nouvelle révolution
industrielle.
Paul est le descendant d’une famille installée depuis 5 générations
en Californie. Le premier de ces ancêtres, un immigrant d’origine
française a ouvert une des premières librairies de San Francisco
en 1849. Naître et grandir en Californie dans les années 50 est
sans doute le meilleur moyen de faire de vous un amoureux de la Nature à
vie. Et Paul n’échappe pas à la règle, il passe
son enfance entre la ferme de ses grands parents et de nombreuses nuits à
la belle étoile et voit de très près les dégâts
causés par l’industrialisation massive de la région.
Paul est un pragmatique, après la lecture du livre « Le Printemps
Silencieux » de Rachel Carlson, dénonçant les noces dangereuses
entre l’agriculture et la pétrochimie pour notre santé
et notre environnement, il prend conscience que toute la chaîne alimentaire
est touchée… Par conséquent, à peine âgé
de 20 ans, il se lance dans l’agriculture biologique, « d’abord
parce que je souhaitais manger une nourriture saine » et la rendre accessible
au plus grand nombre. Un don certain pour les affaires lui permet 7 ans plus
tard, en 1974, de diriger le premier producteur bio du pays, d’employer
150 personnes pour un chiffre d’affaires de 10 Millions d’US$
mais surtout, d’avoir participé à la révolution
bio. Dorénavant, les produits bios sont accessibles dans tout le pays.
Le pari est gagné. C'est ainsi que Paul aime décrire ses opportunités
de business : « Je ne m’investis que dans les entreprises dont
je voudrais être le client ».
Il quitte cette première entreprise pour s’adonner à sa
vraie passion, écrire, mais alors qu’il est impliqué dans
un ONG Environnementale, il se retrouve à la suite d’un quiproquo
avec un chargement d’outils de jardinage sur les bras… C’est
le début improbable d’une des plus belles réussites de
vente par correspondance des années 90, Smith & Hawken, connu aujourd’hui
dans tout le pays. Les débuts sont laborieux avec seuls 40 000 US$
de chiffre d’affaires la première année, mais rapidement
le succès est au rendez-vous et lorsqu’il quitte la société
en 1991, 12 ans après sa création, elle réalise un chiffre
d’affaires de plus de 100 Millions. La conduite de cette start-up devenue
empire l’amène à expérimenter tout un tas de mesure
qui lui permettent de prouver qu’il existe une autre façon de
mener une entreprise avec succès.
Dès le milieu des années 80, ce sont plus de 400 innovations
qui vont faire de Smith & Hawken un exemple d’entreprise responsable,
allant du papier entièrement recyclé de ses catalogues à
la diminution drastique de consommation de plastique ou de mousse synthétique
dans ses emballages. Cette expérience le conduit à être
l'un des premiers à conceptualiser les liens entre la gestion d’une
entreprise et l’impact sur l’environnement dans un livre qui le
rendra célèbre en 1993 : « The Ecology of Commerce »,
best-seller salué par la critique et élu par les étudiants
de MBA Américains comme le meilleur sur le sujet.
Depuis, il s’est associé à Amory et Hunter Lovins* pour
écrire « Natural Capitalism », un autre best-seller décrivant,
grâce à de nombreux exemples, la stratégie des entreprises
et des politiques souhaitant participer à cette nouvelle révolution
industrielle. Tout en démontrant que ses idées offrent d'incroyables
opportunités de developpement à ceux qui les mettront les premiers
en pratique, il pense qu'il faut rapidement et massivement :
- Améliorer la productivité des ressources (matières
premières, eau, energie),
- Innover en s’inspirant de la Nature pour laquelle le concept ne déchet
n’existe pas,
- Adopter une économie de services où le consommateur achète
des temps d'utilisation plus qu'un droit à posséder un objet
qu'il n'utilise pas tout le temps,
- et enfin, investir dans le capital naturel en permettant aux espaces détruits
de se régénérer.
Aujourd’hui, Paul continue, sans surprise, de mener de front ses deux
activités d’entrepreneur et d’écrivain. Alors qu’il
dirige plusieurs entreprises dans les secteurs informatique et de physique
des fluides, il prépare un nouveau livre : « We interrupt this
empire » (**) dont le tître nous en dit long sur sa détermination.
* Amory Lovins est un de nos pionniers (voir son portrait dans quelques
semaines). Il est considéré, au même titre que Paul Hawken,
comme l'un des écrivains les plus visionnaires sur les théories
liant économie et environnement.
** Notre tentative de traduction : « Mettons fin à cet empire
».
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