Un exemple de Livret Soul City
distribué par la Presse.
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"Gooood
Morniiiing South Africa" !!
L’Afrique du Sud, véritable moteur économique
du continent est un pays complexe et difficile à appréhender.
Miné par les sanctions internationales et divisé
par l’apartheid pendant plusieurs décennies,
la nation Arc-en-Ciel produit à quelques kilomètres
de distance le pire comme le meilleur. Garth Japhet, le fondateur
de Soul City en est l'un des exemples les plus frappants.
Grâce à un discours innovant, jeune et non-moralisateur,
il sensibilise la population aux grands enjeux sanitaires
via les principaux médias. Histoire d’un médecin
volontaire, devenu homme de communication visionnaire.
Issu d’une famille d’avocats, Garth naît
et grandit à Johannesburg. Au moment de choisir son
orientation professionnelle et bien que très moyen
dans les matières scientifiques, il opte pour des études
de médecine. Il exerce quelques années dans
une petite ville proche de Durban, mais tout à coup,
ressent l’intense besoin de quitter ce relatif confort
pour aider là où le besoin est le plus pressant
: Soweto. C’est dans cette banlieue regroupant les townships
les plus pauvres de Johannesburg que se trouve le plus grand
hôpital de l’hémisphère Sud. «
Ce que je souhaitais par-dessus tout, en m’installant
à Soweto, c’était m’attaquer concrètement
aux vrais problèmes de santé sud-africains ».
Maladies chroniques, virus contagieux ou cancers avancés,
le jeune idéaliste voit parfois défiler devant
lui plus de 100 patients par jour. Ce qui le frappe le plus,
ce ne sont ni les diagnostics couperets ni l’état
d’extrême pauvreté ou de détresse
de ses patients, mais le fait que la majeure partie de ces
maladies sont évitables. Malnutrition, absence de connaissances
basiques et de prévention simple sont les véritables
maux auxquels, en tant que médecin traitant, il ne
peut s’attaquer. Fort de ce constat, Garth vit une intense
période de doutes, ressent un profond sentiment d’impuissance,
pense à maintes reprises à raccrocher son stéthoscope
et sombre dans la dépression.
Quelques mois plus tard, lors de la célébration
d’un mardi-gras, il a l’idée d’utiliser
les trois principaux médias que sont la radio (qui
touche 98% de la population), la télé (76%)
et la presse (46%) pour faire de la prévention, mais
à sa manière. Les milliers d’affiches
ou grandes campagnes nationales ont jusqu’ici eu peu
d’impact car ils n’atteignent pas assez de personnes
et sont délivrées d’une manière
sèche et bureaucratique, peu propice à l’apprentissage.
Garth va bouleverser cette situation. Il va utiliser les divertissements
(sitcoms télé, histoires « parlées
» à la radio, dessins et photos papier dans la
presse) pour faire passer son message.
En 1994, grâce au soutien financier de l’UNICEF,
il produit ses premiers programmes et les vend aux grandes
chaînes, stations de radios et groupes de presse. Bien
que lancés au beau milieu cette période instable
et difficile qui voit l’abolition de l’apartheid
et l’accès de Nelson Mandela au pouvoir, le succès
est immédiat. Rapidement, le public en redemande et
des stars du cinéma ou de ta télévision
participent à ce qui est en passe de devenir un véritable
phénomène de société.
Ses intrigues et comédies dramatiques, traitant autant
de l’asthme que du paludisme, de la malnutrition que
du sida, touchent désormais plus de 80% de la population
sud-africaine et figurent chaque année parmi les trois
meilleures audiences nationales. Déclinés en
9 langues et dialectes, Soul City a depuis 10 ans produit
plus de 90 épisodes télé, 300 histoires
radios et 35 millions de livrets. Et Soul City suit désormais
des projets similaires dans plus de 9 pays d’Afrique
Australe.
Les résultats concrets sont très difficiles
à quantifier, mais toutes les études menées
pour mesurer l’impact des programmes aboutissent aux
mêmes conclusions. Soul City est un puissant vecteur
de changement dans les comportements. En prenant l’exemple
du Sida, qui touche plus de 25% de la population (et plus
de 50% des 16-35 ans selon certaines sources), les «
lecteurs-auditeurs-téléspectateurs » de
Soul City utilisent deux fois plus souvent des préservatifs
que la moyenne nationale, luttant ainsi efficacement contre
la pandémie.
« Nous fonctionnons comme un hôpital, 20% de nos
ressources proviennent de la vente des programmes, 10% d’entreprises
privées (sorte de sponsors) et 70% des agences de développement
étrangères ». Vulnérable à
cause de cette structure, Garth nous confie enfin que la couleur
de sa peau est un grand désavantage. Constamment surveillé
et ennuyé par le Ministère de la Santé
jaloux de son succès, il adopte un profil bas et n’apparaît
personnellement dans aucun médium. Ou comment un homme
de l’ombre agit plus efficacement ses idées en
tête que son stéthoscope à la main…
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