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L'utopiste
Activiste.
Hector Marcelli est un autodidacte humaniste. Architecte et
ingénieur, il est aussi depuis quelques années
un businessman à succès, et ceci sans jamais
s’être assis dans un amphithéâtre
d’Université. Il a créé un réseau
de production de biens et services respectueux de l’environnement,
distribués via les canaux du commerce équitable
un peu partout dans le monde. Parti de rien, il fait désormais
vivre plus de 30 000 personnes à travers le Mexique
et rêve d’étendre son modèle dans
d’autres pays d’Amérique Latine. Rencontre
avec un utopiste activiste, véritable moteur de changement.
Originaire de la région de Mexico, Hector tombe amoureux
de la Nature pendant son enfance. Adolescent, il est marqué
par les enseignements de son père, devenu gourou. Celui-ci
lui enseigne que tous devraient travailler pour rendre le
monde meilleur sans attendre la reconnaissance d’autrui.
À 14 ans, son frère est arrêté
et torturé pour avoir participé aux mouvements
étudiants de 1968. Marqué par cet événement,
il décide de contribuer au changement en tant qu’acteur
au lieu de se borner à dénoncer les problèmes.
Il fonde Ecosolar, une ONG dont le but est d’aider les
communautés indigènes (indiennes pour la plupart)
à se développer tout en gardant leurs traditions
ancestrales.
Dans l’Etat de Oaxaca par exemple, la situation des
petits producteurs est, au début des années
80, dramatique. Baisse des prix sur le marché mondial,
politisation de l’accès au micro-crédit
et baisse des rendements due à des méthodes
intensives, autant de facteurs venant aggraver une situation
déjà précaire, et dont la conséquence
logique est l’exode rural vers les bidonvilles de Mexico.
En organisant des débouchés pour les produits
issus de l’agriculture bio et l’artisanat traditionnel,
Hector contribue à générer des revenus
pour les populations locales et ainsi renforcer leur identité.
Malgré le succès de cette association implantée
désormais dans 4 autres pays d’Amérique
Latine, Hector ne s’arrête pas là.
Pendant ces 15 années à la tête d’Ecosolar,
il a rencontré de nombreux entrepreneurs engagés
et s’est impliqué de plus en plus dans des projets
d’écotourisme reconnus internationalement, de
cultures de chocolat, de café et de vanille organiques
ou de cosmétiques pour la chaîne anglaise The
Body Shop. « Je suis convaincu que chaque activité
productive ou commerciale devrait être engagée
dans le but de conserver ou restaurer la nature ». Il
dessine lui-même plus de 10 usines « écologiquement
neutre », construite avec des matériaux naturels,
qui fonctionnent à l’énergie renouvelable
et qui retraite intégralement l’eau utilisée.
Son idée, en créant Bioplaneta, est de fédérer
ce réseau d’entreprises, d’ONGs, de distributeurs
et d’investisseurs intéressés par des
méthodes de développement durable et qui se
retrouvent dans le secteur du commerce équitable. L’objectif
est de créer des partenariats multiples entre ces acteurs
pour faciliter les débouchés et devenir l’interlocuteur
unique des clients du réseau en ayant plus de poids
dans les négociations.
Aujourd’hui, appuyé par le gouvernement Mexicain
et reconnu sur le plan international, Bioplaneta gère
les intérêts de plus de 60 entreprises à
but social ou environnemental et réalise un chiffre
d’affaires cumulé de plus de 1,5 Millions d’Euros
dans 40 points de vente. La société anonyme
crée n’est pas encore financièrement indépendante,
mais Hector prévoit que ce sera le cas dans quelques
mois. Quand on lui demande s’il se considère
comme utopiste, Hector conclue notre entrevue en nous répondant
« bien sûr que je suis un utopiste, il y a 10
ans, personne ne pensait qu’un réseau comme Bioplaneta
était viable et ce qui me plait le plus, c’est
de tourner ces utopies en réalités concrètes
».
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